dimanche 4 mai 2008

Présentation 2 : Historique du Portatif

Présentation 2

Cher(s) Visiteurs(s),

Comme je l’ai annoncé, je poursuis ici la présentation du Dictionnaire portatif du bachelier. Il s’agit pour moi d’expliquer ma démarche en retraçant l’historique du livre. Cet historique, je pense, répondra à un certain nombre de questions qu’on m’a posées depuis sa parution… en attendant qu’on me demande d’autres éclaircissements.

Genèse du livre. C’est en 1993 que, pour répondre à l’attente de mes élèves, j’ai formé le projet d’écrire un « dico portatif ». Il y avait alors, à l’écrit du bac français, trois sujets au choix. Le premier consistait à faire le « résumé » d’un texte en général contemporain, que suivaient des « questions de vocabulaire », puis une discussion. C’était aussi l’exercice le plus fréquemment choisi par les candidats.
Or, les « questions de vocabulaire » angoissaient les élèves qui me disaient : mais quels sont donc les mots que l’on doit connaître ? Y a-t-il quelque part une liste du vocabulaire basique sur lequel nous pouvons être interrogés ?
Par ailleurs, lorsqu’on s’entraînait à faire des résumés en cours, et indépendamment de la question de vocabulaire, je voyais bien mes étudiants buter sur de nombreux mots ou expressions qu’ils comprenaient mal. Préalablement à l’exercice du résumé, il me fallait expliquer/commenter la douzaine (ou plus) de termes mal connus, ce qui pouvait prendre vingt minutes. Pour ne pas perdre ce temps, il devenait urgent que mes élèves puissent disposer en classe d’un dictionnaire facile à consulter, recensant les mots qu’il faut connaître au niveau bac, et qui soit donc aisément transportable.
L’idée du « dictionnaire portatif » était née.
Restait à trouver l’ouvrage dont mes élèves et moi-même avions besoin.
Et comme l’ouvrage n’existait pas, je me suis dit que je devais le faire.

Ce fut un travail de deux ans environ. Il me fallut sélectionner les mots, élargir mon projet aux « mots-concepts » et aux principales locutions culturelles (voir l’Avant-Propos du dictionnaire). La première version parut enfin chez Marabout au milieu de l’année 1995, sous le titre choisi en collaboration avec mes élèves : Dictionnaire portatif du futur bachelier. Le mot portatif me plaisait d’autant plus qu’à côté de son aspect pratique, il faisait référence au Dictionnaire philosophique portatif de Voltaire. Et l’ouvrage eut la chance d’être couronné, en novembre 1995, par le prix « Georges Dumézil » de l’Académie française.

Versions successives. Tout livre vivant subit les aléas de la vie. Lesquels ne sont pas forcément négatifs. Il se trouve que, les éditions Marabout ayant abandonné fin 1997 leurs collections parascolaires, je dus rechercher un autre éditeur. C’est un petit tremblement de terre pour un livre, qui risque de retourner au néant, alors même qu’il s’est écoulé à plus de vingt cinq mille exemplaires.
Mais la maison Hatier veillait (- j’y avais « piloté » le Profil sur Le Texte argumentatif -). Le temps de refaçonner l’ouvrage, de l’enrichir sans trop le charger, et celui-ci eut droit à une seconde vie à partir d’octobre 1998. Pour l’occasion, on avait ôté du titre l’adjectif « futur » (le « futur bachelier »), la majorité des lecteurs jugeant le livre encore fort utile aux bacheliers après le bac, lorsqu’ils seraient « en prépas », en « BTS » ou « en fac ».
Cette nouvelle publication fut bien entendu une joie pour l’auteur, et j’aurais pu m’en satisfaire. Mais un dictionnaire n’est jamais « achevé ». Au fil de mes lectures ou des demandes de mes amis, je voyais dans mon livre… tous ces mots qui manquaient ! Je me souviens en particulier de cet élève qui un jour me déclara : « – Monsieur, il manque un mot dans votre livre ! – Ah bon ? Et lequel ? – Le mot AMOUR , Monsieur. » J’aurais pu répondre bêtement : « Mais tout le monde sait ce que c’est ! » Ou encore, me tirer d’embarras par une réplique facile du genre : « C’est un mot tellement chargé de sens que mon dictionnaire ne serait plus portatif… » Mais voilà : le lecteur avait raison, et j’ai donc introduit cette entrée dans l’édition de 2002, avec d’ailleurs une centaine d’autres mots.

Nous voilà six ans plus tard. À la demande de l’éditeur, qui était aussi la mienne, nous venons d’opérer une refonte du Dictionnaire portatif du Bachelier. Il s’agissait d’enrichir et d’actualiser mon travail, grâce à une typographie à la fois plus resserrée et plus claire, sans l’alourdir. L’ouvrage sort dans la nouvelle collection « Les Pratiques du Bac », et sera disponible dès fin juillet. C’était l’occasion ou jamais pour moi de créer un « blog » qui soit spécifiquement consacré à ce livre, afin d’en préciser le comment et le pourquoi, d’y accueillir ceux pour qui il a été conçu, et d’écouter leurs suggestions...

À très bientôt,

B.H.

4 commentaires:

Tantinès a dit…

Bonjour Monsieur Hongre,

J'ai trouvé un peu par hasard votre blog, et j'ai bien aimé l'historique du Dictionnaire portatif, que je possède depuis sept ou huit ans. Mais j'ai appris par la même occasion que vous n'aviez pas encore ajouté le mot "Amour " , et je me suis donc sentie frustrée!
Ne pourriez-vous pas nous donner votre définition? j'avoue que je serais très intéressée...
Merci d'avance,
Tantinès

BRUNO HONGRE : a dit…

Merci, "Tantinès" pour ce premier commentaire, et la demande qui l'accompagne.
J'ai donc immédiatement affiché ce mot universel si difficile à définir en une page (voir mon trosième billet), tel qu'il figure dans le Dico portatif.
au passage, je trouve très chaleureux ce surnom de "tantinès" (Tante Inès?), et il me reste à souhaiter qu'il reparaîtra dans d'autres commentaires!
Bruno Hongre.

Le PhéniX Ingénu a dit…

En feuilletant le Dictionnaire portatif, j’ai constaté avec plaisir que je connaissais déjà un certain nombre de ce que vous appelez des "locutions culturelles" : coup de Jarnac, opium du peuple, épée de Damoclès. En même temps, j’en ai rencontré d’autres que j’ignorais, comme effet Pygmalion, horizon d’attente, écharpe d’Iris, ou pacte autobiographique. D’où ma stupeur : comment ai-je pu, moi bachelier depuis plusieurs années, vivre sans posséder des références aussi instructives ? Où doit-on s’arrêter ? J’ai l’impression que, même si j’essaie de combler mes abîmes d’ignorance, je risquerai toujours de me trouver face à une nouvelle expression qui me fera cruellement sentir mes lacunes! C’est comme le « trou de la sécu » : on a beau le boucher, il se re-creuse sans arrêt… Y a-t-il des limites à ce qu’il faut savoir ?

BRUNO HONGRE : a dit…

Non, non, il n’y a pas de limites à ce qu’il faut savoir !!! Votre comparaison entre le « trou » de la sécu et les « lacunes » culturelles est éloquente : le déficit sera toujours là… Mais notez tout de même la différence : alors que le « trou de la sécu » augmente objectivement, en ce qui concerne vos lacunes, c’est la perception que vous en avez qui s’accroît, au moment même où vous les comblez. On retrouve là une idée très classique : plus on connaît, plus on mesure son ignorance…
En composant mon dictionnaire, j’ai éprouvé un vertige semblable au vôtre à propos des mots que je devais sélectionner. « Celui-ci s’impose… Ah, celui-ci aussi… Mince, il me faut encore celui-là, je n’en finirai jamais ! ». Mon embarras fut encore plus grand lorsque, dans le sillage du Dico portatif, j’ai constitué un « mémento » de références culturelles pour les éditions Ellipses. Le génie humain n’ayant pas de bornes, les citations ou expressions qu’il serait bon de connaître sont infinies…
Cela dit, s’il n’y a pas de limites au savoir, il y a des degrés dans ce qu’on peut exiger d’une culture de base. Parmi les locutions qu’il faut connaître, certaines sont indispensables (éminence grise), d’autres vivement recommandées (état de grâce), d’autres facultatives (chevalier à la triste figure). Tout dépend aussi du niveau de culture que l’on vise, et du domaine dans lequel un étudiant entend se spécialiser. En attendant de revenir un jour sur cette question, oserai-je renvoyer à mon petit livre Révisez vos références culturelles ?